Les origines du village d'Arbouans

La localité d’Arbouans s’est édifiée au pied de la route qui mène de Montbéliard à Audincourt sur la base du versant droit bordant la vallée du Doubs largement étendue en plaine. La côte calcaire est à 330-340 m d’altitude et la plaine à 316 m.

Plusieurs trouvailles anciennes ont été faites sur le territoire d’Arbouans. En 1877, dans les terrains alluviaux au bord du Doubs (rive droite), à l’extrémité de la forge d’Audincourt, furent trouvées de nombreuses poteries en terre grossière appartenant à la civilisation des Champs d’Urnes du Bronze final II. Quelques années auparavant, entre 1870 et 1874, on mit à jour un ossuaire de forme carrée « sous Châtillon » avec un mobilier «mérovingien» du V au VII siècle
Le village est mentionné pour la première fois en 1294. A cette époque les seigneurs de Cusance y tenaient une portion de fief d’Aimé de Faucogney sire de Villersexel, vassal du comte de Montbéliard. Ce fief revient au domaine comtal en 1471. La comtesse Henriette en 1431 et le comte Frédéric en 1584 affranchirent les sujets mainmortables du fief et ceux qui dépendaient de l’abbaye sécularisée Belchamp.

La proximité de Montbéliard a valu au village d’Arbouans de subir avec rigueur toutes les guerres des XV, XVI et XVII siècles. Les Ecorcheurs, les Lorrains et les belligérants amis ou ennemis y commirent les pires excès.

Si bien que le village incendié fut réduit à presque rien après 1635-1636. En 1688, il n’y avait encore que 5 feux, 5 maisons et 32 habitants qui possédaient alors seulement 6 chevaux et 23 bovins. Les habitants étaient soumis vis-à-vis du prince de Montbéliard à la taille et aux prestations accoutumées dues par les sujets taillables et corvéables.

En 1770 des travaux d’irrigation transformèrent une vaste prairie de 84 ha, nommée «la Champagne», et une partie de la forêt seigneuriale du Chênois au nord fut convertie en champs. Aux XIXe et XXe siècles, le village a suivi le sort de Montbéliard et d’Audincourt par suite du développement prodigieux des industries les plus variées dans ces deux centres et également dans le village lui-même.

Un barrage a été installé sur le Doubs en aval de Belchamp et relié à une petite station électrique située sur Voujeaucourt. Une société de construction de matériel d’alimentation édifia une usine en 1930 qui occupa vite plus de 100 ouvriers.

On peut encore mentionner depuis 1959, un atelier de chaudronnerie, mais l’essentiel de la population, qui est ouvrière, dépend des usines Peugeot toutes proches depuis la fermeture de la Forge d’Audincourt. Arbouans se trouve imbriqué dans la communauté d’agglomération du pays de Montbéliard.

Pourquoi les habitants d’Arbouans s’appellent-ils les Ours?

Ces vieilles appellations remontent si loin dans le temps, que ma question n’a jamais eu de réponses très nettes. J’ai retenu l’une d’elles cependant parce que, entourée d’un peu de poésie, elle m’a plu.
En face d’Arbouans, sur la rive gauche du Doubs, s’élevait autrefois une abbaye, celle de Belchamp qui datait du XIIe siècle. Une chartre de 1162 en attribuait la construction au Comte Thierry. Elle dépendait de l’ordre des Prémontrés fondé par saint Norbert, aussi austère que celui des Cisterciens.
Les moines qui y vivaient se mirent au travail avec les paysans ou serfs, qui leur étaient attachés. Ils défrichèrent les forêts des alentours qui disparurent peu à peu pour faire place à des terres fertiles. Il se pourrait que les champs, les pâturages autour d’Arbouans datent de cette époque.
En s’approchant des quelques maisons qui formaient le village, les moines furent émerveillés par la beauté des filles d’Arbouans. Elles ont toujours été si jolies! Ils voulaient les voir de plus près, peut-être essayer de leur faire la cour! Mais les filles se sauvaient, rentraient précipitamment dans leurs maisons, dont les parents fermaient soigneusement la porte.
Les moines, déçus, dirent avec dépit: «Ce sont des ours, ces gens-là». Le nom est resté. Les deux villages voisins ont pris l’habitude de dire les Ours en parlant des habitants d’Arbouans.

Voilà la légende que j ‘ai retenue. J’ajouterai pour ceux que l’histoire de l’Abbaye de Belchamp intéresse, qu’entre de multiples avatars elle a été incendiée par les Bourguignons en 1476

Source : Claire Bouton-Lime Vingt ans à Arbouans 1945 – 1965, La vieille école.